De l’adultère dans le désert (ou des saumons et de l’adultère, les deux fonctionnent)

Pas un grand fana de films romantiques, parfois j’en cherche qui puissent plaire à ma femme et à moi. Il faut dire que c’est un genre pas mal stérile (quelle surprise!), qui depuis quelques années pousse les extrêmes de l’embarras et de la moralité. Le but d’une comédie romantique est de produire dans le public un désir de voir le couple sur l’écran se former : on est censé ressentir que ces deux sont faits l’un pour l’autre. Au travers de ce médium, Hollywood a déjà réussi à nous faire rêver de la romance parfaite, une idée qui est souvent irréaliste, car la phase amoureuse d’un couple n’en est que le début. Dans Des saumons dans le désert (Salmon Fishing in the Yemen), cet effet est peu réussi, et un autre message peu subtil est transmis: si tu n’as pas un mariage enthousiasmant, quitte ton conjoint (pour une personne plus jeune et attirante).

Normalement, ce genre d’histoire appartiendrait plutôt à la niche française de drames nihilistes, mais ce film est vendu comme « La comédie anglaise de l’année! »… même s’il n’est pas drôle.

L’histoire, certes atypique, nous présente un personnage masculin émasculé, qui n’a aucun charisme et conduit son mariage avec aucune conviction. Le public est censé se sentir triste pour cet homme qui a perdu sa joie de vivre à force de vivre dans la ville en tant que bureaucrate, alors qu’il est censé être dans la nature, (même si on n’apprend ça que vers la fin du film) ; pour cet homme qui ne sait pas communiquer avec sa femme, qui  est prise dans son travail dans la finance, donc on suppose qu’elle va le lâcher pour un autre homme avec plus de cran. Mais en fait, c’est lui qui la lâche, elle est dévastée quand il la quitte, et je me suis senti attristé pour cette pauvre femme, dont le mari s’est complètement dégonflé.

Le personnage féminin (pas sa femme mais une autre), elle, est aux prises avec le fait que son copain a été porté disparu sur le champ de bataille, donc elle est censée se sentir mal pour lui, mais peut-être qu’en fait elle se sent mal d’avoir fait et dit quelque chose de stupide et qu’elle ne se sent pas mal pour lui (parce qu’en réalité elle couche avec lui alors qu’elle le connaît à peine et lui promet néanmoins qu’elle l’attendra puisqu’il est soldat et qu’il doit partir au front, ce qu’ils savaient être un risque mais pas assez probable pour ne pas se retenir de finir ensemble dans le plumard, mais finalement assez probable, puisque ça arrive directement après l’acte, un peu comme s’il avait dit à l’armée de l’appeler seulement le lendemain matin… Du grand cinéma quoi).

Une aventure loufoque amène ces deux individus à travailler ensemble et alors que le public se demande ce qu’ils ont en commun, alchimie inexistante, ils tombent amoureux, paraît-il.

Ces personnages peu attachants et peu héroïques nous fournissent un triste récit de l’amour contemporain : L’amour n’est qu’une phase, mets-toi avec la personne qui te plaît le plus pour le moment. Plutôt que de régler tes problèmes d’absence d’attributs masculins, de parler avec ton épouse, qui t’aime et te supporte, mais qui attend que tu prennes de vraies initiatives, fuis-les, en te mettant avec une personne qui ne sait pas encore à quel point tu es flasque. Ta crise de la quarantaine, embrasse-la! Après tout, vous vous êtes mariés jeunes, et on sait tous combien c’est mauvais de se marier jeune, n’est-ce pas ? (à voir les statistiques, c’est plutôt le contraire) Fidélité, voeux de mariage, tout ça, on s’en fiche! Et pour les femmes, mais ça c’est désormais commun, le message: couche avec lui, règle les problèmes plus tard.

Ces messages ne sont même plus révolutionnaires, c’est l’histoire de tant de personnes, et on sait que ça se termine mal ou de façon médiocre. Mais peut-être que c’est pour cela que le film est si fade.

Tout compte fait, si je dois regarder une romance, je veux être inspiré à être un meilleur mari, à mieux aimer ma femme, oui à prendre des risques pour être heureux ou pour vivre une aventure, mais tout en maintenant ma fidélité et en trouvant un moyen d’inclure la femme de mes promesses dans mes plans. Hmm… en voilà une idée pour une comédie romantique réussie…

P.S. : Depuis la première rédaction de cet article, j’ai eu le malheur de payer pour voir un autre film récent, Le homard (The Lobster). Celui-ci (« film d’amour » selon le boîtier DVD), vraiment pour la niche nihiliste, donne une image encore plus horrible du couple : c’est une construction sociale opprimante dont il faut se libérer ; et le célibat? C’est une condition opprimante qu’il faut fuir. Le film, lui, une construction cinématographique opprimante pour lequel quelqu’un a payé, et que j’aurais voulu fuir.

Quelle tristesse de voir ces messages vendus au monde… Mais malgré tout cet assaut mental, la majorité des gens ne peuvent pas s’empêcher de vouloir se mettre en couple, parce que ça répond à un besoin profond d’amour, de constance et fidélité qu’on recherche et qui se trouve, au final, en Jésus-Christ.

C’est à nous de donner un exemple plus beau du couple et d’écrire des histoires inspirantes sur le sacrifice, à la fois dans le mariage et dans le célibat. Et cela demande un engagement quotidien à chacun.

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